Théo Maquis
En l'an de grâce deux mil et huit années, à la date du 18 août, sous le règne de notre bon président Blaise Ier, Maître Théodore Ouedraogo - ou plus simplement appelé habituellement Théo ;-) - a ouvert son propre maquis.... Le style est un peu pompeux mais c'est un peu l'esprit que voulait mettre Théo dans le discours inauguratoire de son maquis samedi dernier - avec une superbe formule : << J'en prendrais soin comme sur la prunelle de mes yeux ! >>
Revenons au présent. D'aucuns ne savent peut-être pas ce qu'est un maquis donc reprenons depuis le commencement. Un maquis, c'est un lieu où l'on peut se réfugier pour fuir le Service du Travail - hélas - Obligatoire. Il y en a de toutes sortes : des grands et des petits, des propres et des qui le sont un peu moins, certains couverts et d'autres donnant sur la rue, des maquis pour blancs, des maquis pour noirs, certains proposent à manger, d'autres seulement à boire, les plus rustiques sont simplement quelques tôles avec deux ou trois tables à l'extérieur, les plus riches sont construits en dur et proposent sonorisation et ventilation, etc. mais dans tous, il fait bon de s'y retrouver entre amis pour partager un petit moment de la soirée ensemble autour d'une boisson - pas toujours - fraîche.
Samedi dernier donc, Théo s'est lancé dans l'aventure d'ouvrir son propre maquis. Il faut dire qu'il est plutôt bien situé : il habite en face du Reemdogo, le jardin de la musique, grand espace de répétition et de concert qui draine régulièrement bon nombre de spectateurs. Il s'est retrouvé, il y a peu, sans travail et est venu me trouver pour l'aider à démarrer son affaire. Car, bien évidemment, aucune banque n'accepte de prêter à quelqu'un qui n'a aucun fond propre.
Travailleur, il l'est. Commercial, également avec un grand désir de satisfaire la clientèle. Gérant, j'en suis bien moins sûr. J'ai cependant accepté de lui fournir une - bonne - trésorerie de départ pour se lancer à l'aventure et se jeter à l'eau. Après quelques péripéties un peu houleuses - il a par exemple dépensé l'argent de la nourriture prévue pour l'ouverture pour payer le carrelage... - c'est maintenant chose faite.
Il a invité tout ses amis à venir pour l'occasion et en bon Burkinabé qui se respecte, nous avons commencé seulement avec un peu plus d'une heure de retard. Il a insisté en guise de remerciement à ce que je coupe le cordon d'inauguration ce qui est un honneur. Puis ça a été la ruée. En effet, pour la cérémonie d'ouverture, les brochettes et le riz étaient offerts et rapidement, tous les enfants du quartier sont venus réclamer leur part. La fête s'est ensuite poursuivie dans la soirée autour du poste de musique que j'avais apporté pour faire un peu d'animation.
Maintenant, c'est lui le seul maître à bord et il doit tenir la barre pour faire tourner son affaire sans se laisser manger par son insatiable envie d'investissements parfois un peu disproportionnée. De toute façon, je serai sur son dos jusqu'à mon départ pour tenter de lui inculquer les règles de base de la gestion.
Pour ce qui est du nom, bien qu'ouvert, il n'en a pas encore. Le nom de << le Pirate >> a été avancé : c'est celui qui a le goût de l'aventure et l'amour du risque, celui qui aime boire et festoyer avec ses amis. Mais c'est aussi le brigand qui détrousse les pauvres marins :-( . Nous avons alors pensé au << Corsaire >> qui a l'avantage de travailler dans la légalité - je le pousse d'ailleurs à aller se déclarer aux impôts pour éviter tout ennui lors du passage des inspecteurs. Cependant, il n'est pas certain ici que tout le monde comprenne ce à quoi nous faisons référence.
Entre autres propositions, on trouve :
- La cafét
- Théo café ?
- Le règne des gos* (celui-ci, je l'adore :-) )
Mais les propositions restent encore ouvertes : A vos suggestions....
* pour les non-initiés à la langue burkinabé, une go est le mot employé ici pour dire une fille