La mobylette
La mobylette, c'est le moyen de déplacement préféré des burkinabés. Chaque enfant, dès son plus jeune âge, est initié aux joies du deux roues en vue d'utiliser ce véhicule plus tard. Et ceci est vrai également au fin fond des provinces rurales où il y a moins d'une mobylette par concession (ensemble de maison appartenant à une même famille ou ayant des liens forts sous la direction d'un chef d'unité d'habitation - en gros, un petit quartier). Plutôt que d'apprendre à nager, on apprend à tenir sur un vélo dès l'âge de 2 ans, voire plus tôt.
Voilà pourquoi on rencontre tant de mobylettes sur les routes. C'est assez impressionnant pour un Français qui est habitué à voir sur les routes plutôt beaucoup de voitures et un peu de 2 roues. Ici, c'est beaucoup de 2 roues et parfois, essayant de se faufiler, une voiture. J'ai été au grand rassemblement de Yagma, au nord de Ouaga et je me suis trouvé dans le flot de mobylettes : des milliers de mobylettes qui convergent toutes dans la même direction et qui occupent toute la route, et ce sur des kilomètres.
La mob du burkinabé, c'est la P50. Elle est increvable et on la voit partout. Elle se décline en 2 versions : classique et Delta. C'est celle que j'ai eu à mon arrivée. On trouve également des Yamaha pour dames qu'on appelle "Homme capable" - selon N. c'est parce que les hommes étaient capables de l'offrir à leur épouse. On commence enfin à voir apparaître de nouveaux modèles, plus neufs et modernes mais un peu moins solides. Sur les conseils de L., je me suis offert une Yamaha Galaxy, une mobylette aux allures de moto qui peut faire des pointes de vitesse.
Mais ce n'est pas sans danger. Je l'ai appris à mes dépens puisque j'ai eu mon premier << accident >> le lendemain de l'achat de la mob - 21 kms au compteur et une semaine de révision (qui m'a coûté la bagatelle du quart du prix d'achat ). Heureusement, plus de peur que de mal, je m'en sors avec des éraflures à la main et aux genoux. Et un pantalon foutu en prime. J'ai aussi un peu mal au poignet gauche et, dans une moindre mesure à l'orteil, et c'est ça qui m'inquiète le plus.
C'est aussi un moyen de gagner sa vie, la mobylette. L., qui n'a pas de revenus, en a fait un gagne-pain puisqu'il loue les 5 mobylettes qu'il possède aux gens de passage sur Ouagadougou. C'est un complément de revenu en plus de son télécentre. A sa demande, je lui ai réalisé un site internet pour faire un peu de publicité pour la location (merci les cours de l'ENSAE :p). Je lui fais donc un peu de publicité : http://drabomoto.ifrance.com (désolé pour la pub en haut mais je n'ai pas trouvé mieux pour l'hébergement gratuit.). En cherchant bien, on me voit aussi sur le site posant sur une mobylette pour faire la pub.
Enfin, que serait la mobylette sans les courses? Vu l'engouement que suscite ce véhicule dans l'usage commun, il est aisé de comprendre que c'est la folie quand une course est organisée. Or, chaque année, il y a une course de P50 à Ouagadougou. D'habitude, c'est le 2 janvier sur la Charles de Gaulle - une des grandes artères de la ville - mais cette année, ça a été décalé et repoussé au 26 février sur les grandes voies de Ouaga 2000.
C'est une fête où tous les amateurs viennent et se rassemblent Les gens se mettaient même sur les toits pour voir passer les P50 qui n'ont réellement plus de P50 que le nom tant elles ont été modifiées pour gagner en vitesse. Nous nous sommes donc retrouvés à 8h du matin pour aller assister à la course et bien qu'arrivés avec plus d'un quart d'heure d'avance, nous avons eu du mal à trouver une place pour voir passer pour 5 tours les participants à cette course de folie.En plus, les militaires qui sont là en profitent pour abuser de leur autorité sous prétexte de faire régner l'ordre et ils n'hésitent pas à frapper les spectateurs pour les faire reculer. Car bien sûr, il n'y a pas de barrière le long de la voie.
Tout le but de la course est de trouver la position la plus aérodynamique pour la vitesse. L'expérience montre que c'est allongé sur la moto que c'est le mieux. Et j'en ai eu la preuve puisque le gagnant utilisait cette position. Ce qui est réellement impressionnant, c'est de voir une P50 qui normalement atteint ses limites autour de 50 km/h foncer à plus de 100. Le premier de la course était escorté de deux motos de la police (visiblement des BMW recyclées peut-être de France) et il allait aussi vite qu'elles.
On s'étonne donc que ce soit relativement dangereux et que chaque année, il y ait des risques d'accident - surtout si le concurrent tombe, probabilité d'autant plus forte que couché sur le siège, on a moins de stabilité. Cette fois-ci, il n'y a vraisemblablement pas eu de morts ni de blessé. Mais je n'ai pas tout vu. En effet, une fois le premier arrivé, les gens se désintéressent totalement de la course et rentrent chez eux - en passant sur le parcours bien évidemment, à pied ou à mobylette - alors que les concurrents qui n'ont pas encore terminé tentent désespérément de passer dans le flot des gens.
Il reste encore beaucoup à dire sur le respect du code de la route mais ce sera l'objet d'un autre article