La CAN
Ca y est, la CAN est terminée (depuis 2 semaines, je suis en retard ;) ). C'est l'Egypte qui a gagné. Pour ceux qui ne savent pas, la CAN, c'est la Coupe d'Afrique des Nations, << la coupe d'Europe d'Afrique >> comme j'ai entendu dire ici (vive l'égocentrisme européen :p ).
Le football, comme dans beaucoup d'endroits, c'est l'un des sports rois au Burkina. Alors que le Burkinabé (l'Africain ?) est naturellement calme, voire flegmatique, peu enclin à la précipitation et au stress, il change totalement lorsqu'il entre au contact de la folie << footière >>.
Tout s'arrête, le vie même n'a plus le droit de fonctionner pendant les matchs. Seules les radios et les télévisions ont le droit - que dis-je - l'obligation de travailler pendant ces heures-là. Quand l'heure du coup d'envoi approche, le burkinabé ne tient plus en place, il n'est plus que l'ombre de lui-même : il se met en quête, tel un loup-garou, d'une place disponible auprès d'un des appareils de diffusion disponible. L. qui logeait avec moi ne tenait plus en place pendant les matchs. A l'extrême rigueur, il fallait ouvrir le poste de radio, mais il était préférable d'aller dans les maquis pour pouvoir suivre le match de visu.
Un samedi alors que nous allions organiser une fête à la maison, il s'est avéré qu'il y avait un match. Nous sommes donc allés à la boucherie, en réalité au marché, pour faire des emplettes. Tout le monde se trouvait dans les abattoirs au centre desquels avait été branchée une télévision. Les regards étaient fixés vers le petit écran et il nous a été difficile d'arriver à obtenir ce que nous cherchions. D'ailleurs, nous avons par la même occasion perdu L. qui nous a dit qu'il nous rejoindrait plus tard avec le charbon de bois (pour le barbecue), une fois le match terminé.
Is. à la maison, suivait tous les match à la radio. Mais il m'avait demandé s'il y avait la possibilité d'avoir une télévision à domicile pour regarder les matchs pour plus de commodité. N'ayant pas eu réellement le temps de répondre à sa demande, il s'est contenté de la radio, ou, quand les matchs étaient à midi, il allait les voir dans les maquis proches de la maison.
Mais tout ceci n'est rien par rapport à ce que l'on voit après le match. Les gens deviennent fous quand leur équipe a gagné ou parfois plutôt quand l'équipe adverse a perdu, ce qui fut le cas pour la finale : les burkinabés n'étaient pas pour l'Egypte mais contre la Côte d'Ivoire. Ils manifestent dans les rues - dans des proportions moindres que nous pour la coupe du monde 1998 - mais ce n'est pas l'équipe nationale.
Il faut alors faire extrêmement attention à la conduite car les gens roulent comme des fous ou plutôt, encore plus comme des fous que d'habitude. On m'a rapporté qu'une mobylette avait percuté une vieille dame qui traversait la rue. Le soir de la finale, j'étais sur ma mob à la sortie de la finale et je peux assurer que j'ai fait réellement attention.
Paradoxalement, l'équipe du Burkina n'est pas du tout extraordinaire. Les Etalons ne sont pas brillants pour deux sous. Il est même question de dissoudre l'équipe nationale car elle coûte beaucoup de sous et rapporte vraiment peu en terme de performances. C'est peut-être pour cela que les Burkinabé défendent si fortement les couleurs des autres équipes.
Pour ma part, j'ai supporté successivement toutes les équipes qui se sont inclinées. J'étais assez doué pour toujours choisir l'équipe qui allait perdre et il aurait été assez aisé de gagner au loto sportif en jouant toujours l'inverse de moi :-)
En ce qui concerne les autres sports, ils sont un peu dénigrés. N. a cherché à me faire entrer dans l'équipe de rugby dont le niveau est loin d'être excellent (en fait, on passe plus de temps en palabres qu'en jeu. D'ailleurs, dès que l'on a un petit niveau - dès que l'on connaît les règles en fait-, on devient apte à jouer en équipe nationale) et actuellement, nous montons une équipe de volley de l'IRD. Mais ces jeux attirent relativement peu les Burkinabés et ce sont souvent les étrangers qui constituent le plus gros des troupes.