Promenons nous au Burkina

Promenons nous au Burkina,
Pendant que les coupeurs de route n'y sont pas
Si ils y étaient, sur nous ils tireraient
Et comme ils sont là, A l'Arly on ira pas....

Et voilà comment, pour éviter les coups et blessures, nous avons décidé d'aller à Bobo. On est parti sur le WE de Pâques et en incluant le vendredi, on a pu donc profiter de 4 jours de vacances.

Voici les quelques étapes de notre voyage :

1er jour : le voyage

Commençons par le commencement : les autres décident de me nommer volontaire (international :-) ) délégué à la gestion des comptes pour les 4 jours d'existence de notre association.

Le voyage pour aller à Bobo se passe sans trop de problèmes. Enfin, je crois, parce que le léger roulis provoqué par la voiture sur les routes burkinabé a un effet soporifique évident et rapidement tout le monde dort (enfin, presque tout le monde, pas le chauffeur - ni le photographe ;-) )

A la mi-chemin, à Boromo, on décide de s'arrêter pour manger. Juste avant l'entrée de la ville, on voit un camion allongé sur la route : peut-être veut-il lui aussi faire une petite sieste ?
En tout cas, ce qui m'impressionne particulièrement, c'est que plutôt que de s'occuper du chargement du camion, les burkinabés s'affairent avec des bassines et des seaux à récupérer le maximum de l'essence du camion. C'est vrai que, vu le prix qu'on la paye, (le même prix qu'en Europe environ, au regard du niveau de vie du pays), c'est important. Toutefois, je ne suis pas tout à fait sûr que ce soit pour la remettre au patron.

Petite halte donc, histoire également de quitter la voiture qui a tendance à midi à devenir une petite fournaise malgré les fenêtres ouvertes. Et comme à la fin du repas, la pause n'a pas été assez longue, on décide de la prolonger dans le domaine du Kayceidra où il est possible de voir des éléphants.

Possible oui, car dans l'équipe se trouve Em2 qui a une fâcheuse tendance à faire fuir tous les animaux autour d'elle. A chaque fois qu'elle arrive dans un lieu où on peut voir presqu'à coup sûr des animaux, eh bien, y'en a pas. A mon humble avis, elle devrait prendre une assurance <<rencontre animaux 100% garantie>> qui accepte de lui verser une compensation s'ils ne sont pas là. Faudra que j'en parle à mon frère !

Deux solutions s'offrent donc à nous :

  1. soit on la laisse là sur le bord de la route
  2. soit on espère que la synergie de nos forces positives sera suffisante pour contrer cette puissance maléfique (on pourrait également tenter de faire un peu de magie noire pour blancs par la même occasion).

Au final, c'est cette dernière solution qui est retenue. Non qu'elle nous plaise particulièrement, mais le manque d'arbres avec feuilles autour de nous alors qu'il fait plus de 40° (à l'ombre, mais, je me répête, il n'y en a pas) nous contraint à rejeter la première solution (ben oui, on est pas si cruel que ça).

Pour finir, heureusement qu'on est 6 contre elle parce qu'on a bien failli les louper. Ils venaient de finir de prendre leur bain et étaient en train de partir au moment où on est arrivé. On a donc pu voir un petit groupe d'éléphants qui, après une courte pause d'une heure environ... sur la terrasse du restaurant au bord de la rivière (pour nous, pas pour les éléphants), est revenu terminer sa baignade (preuve supplémentaire qu'ils étaient en train de fuir Em2 puisqu'ils n'avaient même pas pris le temps de finir leur toilette).

Puis, on est reparti et tout le reste du voyage jusque Bobo se passe sans problème : on est attendu pour dormir chez les soeurs , on va manger au restaurant où on retrouve par hasard l'autre groupe qui vient d'arriver sur Bobo (comme quoi il semblerait qu'il n'y ait pas tant que ça de bons restaurants sur Bobo et que tout le monde aille dans les mêmes). Puis, pour ceux qui ont encore un peu de courage (donc pas moi), fin de soirée dans un maquis dansant.

2nd jour : le temps des visites

Visite du vieux Bobo

Bon, on passe maintenant aux choses sérieuses : on n'est pas venu ici pour glander mais pour visiter. Il faut donc se mettre très tôt à la tâche (comment ça, elle est pas bien difficile comme tâche ? On voit bien que vous n'avez jamais visité le Burkina par 40?)

Après un petit déjeuner pris chez les soeurs chez qui on logeait, on est parti pour une petite visite du marché central de Bobo (faut bien commencer par l'essentiel non ?). Après un temps libre d'une heure environ pendant lequel chacun chine à sa manière - et se fait arnaquer plus ou moins de toute façon -, on est parti pour la visite du vieux Bobo. C'est le quartier touristique de la ville. Alors que la ville a pris son essor, on s'est arrangé pour laisser le quartier dans son état originel pour le conserver et attirer les touristes. Ainsi, aujourd'hui, il est interdit d'y entrer non accompagné d'un guide (pratique pour le gagne pain des guides mais aussi pour les trafics de toute sorte puisqu'aux dires d'Arouna, même la police n'a pas le droit d'y entrer)

On prend donc un guide qui nous conduit dans la vieille ville tout en nous expliquant l'histoire et l'évolution de la cité ainsi que le pourquoi de certaines particularités de celle-ci. Il n'est pas très dynamique le guide mais il a le mérite d'être clair et précis : il a l'air de bien maîtriser son sujet, ce qui est une grande qualité pour un guide (n'est-ce pas ?).
On visite donc la première maison de Bobo (construite vers 1550 environ), la fabrique de Dolo, le marigot sacré (en clair, un égout géant en plein air qui a - en fait - l'avantage d'être sacré, ce qui limite les baignades et la consommation de l'eau et des poissons et donc la propagation des épidémies) ou encore le forgeron. T. prend même un petite leçon de coupage de bois avec la hache traditionnelle.

Puis retour à la grande mosquée de Bobo qu'on ne visite pas pour une histoire de brouille avec les anciens qui ne veulent plus tellement que des étrangers entrent dans ce lieu de culte (sauf bien entendu, s'ils payent à nouveau et moi étant comptable, j'ai refusé une nouvelle dépense). De toute façon, il est temps d'aller manger parce qu'il commence à être tard et il ne faut pas trop attendre si on veut arriver de bonne heure à Banfora.

Après une longue attente et un relativement bref repas au restaurant "les 3 Karités", on est reparti à l'abordage pour la suite de nos palpitantes aventures. Objectif : la région de Banfora. Sur la route, petit arrêt technique pour faire un petit chargement de mangues du pays. Il y en a vraiment beaucoup, de toutes les tailles, de tous les types et de toutes les couleurs. En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'on ne manquera pas de dessert (ou de repas tout court, certaines personnes ayant poussé le vice jusqu'à faire des sandwichs aux mangues).

les Hippopotames

Une fois arrivé sur place, il fait encore un peu jour bien qu'il soit relativement tard et on décide d'aller voir les hippopotames. On a toujours Em2 avec nous mais maintenant, on sait qu'on est plus fort qu'elle à six donc on n'a plus tellement peur (en plus, il fait moins chaud donc moins de scrupules ...  ).

Malheureusement, là-bas, il y a un groupe de jeunes que nous étiquetterons de <<jeunes délinquants français en phase de réinsertion>> (attention, l'appellation est d'origine contrôlée et appartient à Em2). Ils doivent prendre la barge avant nous. Tant pis, on va se promener sur les bords du lac et on va essayer de les voir avec les jumelles qu'a apportées N2.

Heureusement que les hippopotames, c'est gros et que ça s'énerve avec les visiteurs. Ils sortent de l'eau et pour montrer leur mécontentement, ils crachent. Comme ça, c'est bien plus facile de les repérer aux jumelles et, bon an mal an, nous arrivons tous à voir ces animaux si convoités qui sont parmi les plus dangereux de l'Afrique (et non, ce n'est pas le lion). En effet, il est très rapide dans l'eau, relativement rapide sur la terre ferme et surtout, c'est un bulldozer ambulant (quand il ouvre la gueule) - au même titre que le rhinocéros qui est un tank sur pattes.

Au retour, on nous propose d'aller les voir mais pendant la négociation (et oui, pour ceux qui ne le savent pas encore, ici, tout se négocie. Ce sera probablement d'ailleurs le sujet d'un article prochain), ils refusent de baisser les prix. Tant pis pour eux, ils n'auront rien. De toute façon, on a déjà vu l'essentiel.

Retour dans la ville pour aller dormir. Oui, mais dormir où ? Car on n'a pas d'endroit de réservé cette fois-ci et il commence à se faire tard. Heureusement pour nous, nous possédons l'arme absolue dans ces contrées sauvages et hostiles : le guide du routard Burkina Faso qui nous indique toute une liste d'hôtels potentiels pour nous accueillir (dans une certaine limite sinon il y a veto du comptable de service quoique lui aussi, il a bien envie d'aller se coucher).

Après avoir écumé tous les hôtels du livre, on doit se rendre à l'évidence : personne ne veut de nous. Heureusement, on finit par trouver un endroit relativement nouveau dans lequel il reste encore des chambres libres (au pire, il restait encore des places dans le dortoir). Donc, après avoir été manger au Calypso (ah pour ça, on n'a jamais de problèmes pour trouver un bon restaurant au contraire de l'hôtel), on rentre passer une bonne nuit.

3ème jour : région de Banfora

les cascades de Banfora

Nous, les garçons, avons été gâtés pour la nuit : pour le même prix, on nous a offert le sauna gratuit. En effet, la clim ne marchait pas bien et faisait beaucoup de bruit, donc nous l'avons coupée. De plus, on avait la glacière dans la chambre qui travaillait dur pour refroidir l'eau pour le lendemain. Enfin, malgré la coupure de la clim, on a oublié d'ouvrir les fenêtres (logique, normalement la clim devait marcher). Résultat des courses : on a été trempés de sueur à faire du surplace. Quoique si la nuit avait été un peu plus longue, on aurait peut-être pu se reconvertir dans la natation tant les lits sont trempés (les serviettes qui nous servaient d'oreillers ont d'ailleurs servi également d'absorbeurs d'eau).

D'ailleurs, de natation, il en est question aujourd'hui car nous allons dans les cascades de Banfora, seul lieu du Burkina Faso où il est relativement possible de se baigner. Je ne pense pas que le médecin de l'Institut Pasteur de Lille eût été d'accord car il ne m'avait autorisé à aller que dans les eaux salées mais bon... Ici, le courant fait qu'il y a relativement moins de risques de contaminations que dans les eaux stagnantes (mais rien n'est sûr, les statistiques montrent que etc.)

Il fait chaud, très chaud aujourd'hui. Heureusement qu'on va faire trempette parce qu'il me semble difficile de faire autre chose. Et pourtant, qu'est-ce qu'on commence par faire ? De l'escalade ! Ben oui, pour atteindre les cascades, faut bien grimper, l'eau, il faut bien qu'elle tombe et c'est mieux de se baigner en haut.
Et comme nous ne sommes pas les premiers (tout le monde se donne rendez-vous là-bas les week-ends, à commencer d'ailleurs par les journalistes de France 2 et nos camarades, mais ceci est une autre histoire), nous respectons la devise : <<aller plus haut, mais plus vite et plus fort>>. De toute façon, c'est mieux parce qu'on n'aura pas la crasse de tous les autres.

Tout en haut, on trouve un petit coin de paradis avec des trous d'eau pour faire de la thalassothérapie. On est vraiment au calme et être dans l'eau est un véritable confort tant il fait chaud dehors. Il est d'ailleurs difficile de rester pieds nus sur les rochers brûlants.

Après une petite mise en bouche, on passe aux choses sérieuses : pique-nique aux sardines et vache qui rit puis une petite sieste à l'ombre pour digérer. Au réveil encore une petite baignade puis on est reparti.



Les pics de Sindou


Il nous reste suffisamment de temps pour aller visiter les pics de Sindou. Ce sont des rochers en forme de pics qui se trouvent dans la région de Sindou (quelle explication n'est-ce pas ?). Encore une fois, il faut gravir la montagne mais maintenant, nous sommes habitués et plus rien ne nous arrête.

En haut, on se retrouve dans une sorte de cirque au sein duquel se trouvent encore quelques restes d'un village primitif abandonné. Le nouveau village de Sindou est un peu plus loin. Cependant, il subsiste encore quelques parties des montagnes qui restent sacrées et dans lesquelles il est interdit d'aller.
Mais ce qu'il nous est permis de voir est suffisant pour nous impressionner : la forme des rochers est vraiment étrange et ils ressemblent souvent à des hommes pétrifiés. Je ne serais pas surpris (hypothèse non confirmée, nous n'avions pas de guide) qu'il existe des légendes identiques à celles des Incas concernant les hommes de pierre.

L'une de celles de que je préfère est celle de Jean qui rit, Jean qui pleure, une pierre double face ressemblant étrangement à Janus.

La nuit

Retour ensuite au bercail : le soir, nous allons dîner chez R. - qui nous a préparé d'excellentes brochettes - puis nous finissons la nuit dans le campement des baobabs.

C'est un petit campement pour touristes : on dort dans des cases traditionnelles pour le fun. Donc naturellement, ce n'est ni climatisé ni ventilé (pas de courant du tout). Un cruel dilemme se pose donc à nous : faut-il fuir la chaleur (à l'intérieur) ou les moustiques (à l'extérieur).
Pour moi, le choix est vite fait : je supporterai la chaleur mais pas les féroces moustiques (l'explication se trouve dans un des articles publiés ci-avant). Les filles préfèrent ne pas suivre la voix (ou la voie ?) du vieux sage qui parle à travers moi (il doit être possible de trouver un proverbe Moore pour cela, il faut que je demande à T. qui est spécialiste).
Elles décident d'installer leur matelas dehors pour bénéficier de la fraîcheur (il y a certainement aussi une petite question d'arachnophobie subconsciente, car on avait trouvé 2 grosses araignées dans leur case) . Résultat : au bout de 15 min max, le chien de la maison est venu les lécher un coup et dormir avec elles, les moustiques ont fondu sur elles et elles ont dû rentrer le matelas en catastrophe. Seule D. a eu le courage de ses convictions et est restée dormir dehors.

4ème jour : dernières visites

C'est la dernière journée, on a au moins la moitié de la journée qui va être consacrée à rentrer à Ouagadougou et donc les visites doivent être concentrées dans la matinée.

On se décide donc à aller voir les Dômes. Comme pour les pics de Sindou, il s'agit de rochers qui ont été sculptés par l'érosion, ce qui leur a donné une forme particulière, sorte de grosses boules superposées. Pour nous accompagner, le guide officiel des dômes qui est sensé nous donner des explications. Cependant, il se contente de nous montrer le chemin jusqu'en haut puis une fois là-bas, s'assied et contemple le paysage.
Pour finir, c'est peut-être ce qu'il sait faire de mieux parce que dès qu'on lui pose des questions, il répond avec des informations sensiblement erronées : il y avait la mer au Burkina il y a environ 2 siècles, l'érosion est due à la saison des pluies, etc. Après une demi-heure de vue sur la sous-région de Banfora, nous repartons.

Juste avant de repartir, Arouna nous emmène dans un village pour voir le baobab sacré : il s'agit d'un baobab creux dans lequel il est possible d'entrer à plusieurs personnes et qui est la source d'un certain nombre d'histoires vraies et de légendes. Pour y entrer, il faut contenter l'esprit du lieu et lui donner un poulet par personne (ou bien 1000 FCFA si on ne possède pas de poulets).

En outre, nous sommes très bien accueillis par les enfants du village et nous avons la joie de pouvoir goûter le pain de singe, fruit du baobab.

Maintenant, il est temps de rentrer rapidement à Ouaga parce qu'on a un peu trop traîné et qu'on va rentrer dans la nuit à Ouaga (la route Bobo-Ouaga n'est pas si dangereuse mais on ne va pas tenter le diable). Arouna nous emmène à un train d'enfer et même avec un petit arrêt technique sur la route pour réapprovisionnement en mangues, nous sommes à Ouaga en un temps record (mais il fait nuit quand même)

Dernier petit souvenir de Bobo à bien garder en mémoire (surtout pour nos pays développés)



12/05/2006
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