Les expats autour de moi

Voici près de trois mois que je suis au Burkina et je m'aperçois que je n'ai pas encore présenté les personnes avec lesquelles je vis et je travaille (les deux n'étant pas incompatibles ). Voici donc les portraits des principales personnes de mon entourage. C'est tout à fait succinct : je n'ai pas envie de tout dire. Que ceux qui manquent me pardonnent, soit je n'avais pas assez de temps, soit pas assez de choses à dire (et puis d'ailleurs, pourquoi je devrais me justifier, c'est mon blog d'abord ;-) ).

J'ai mis tout le monde à la même enseigne, faut pas hésiter à mettre les pieds dans le plat et raconter toutes les anecdotes (bon, je suis resté assez gentil quand même) et certains vont déguster. Allez, on passe à table :

A. est Sénégalais. Il est venu ici dans le cadre d'un stage pour ses études à Montpellier. Il faut avouer que faire Dakar - Ouagadougou via Montpellier, c'est faire un sacré détour, il y avait sûrement plus direct mais bon, moi, ce que j'en dis... Il est ici pour améliorer les bouillies des femmes en ajoutant des micro-nutriments (enfin, grosso modo, ce que j'ai compris, c'est que c'est plus cher et qu'il faut trouver un moyen de faire passer la pilule aux femmes. Mais il paraît que ma vision des choses est biaisée par l'économie :-P ). Pendant un certain temps, il est resté inséparable de C. (présenté ci-dessous) au point qu'on a cru qu'ils étaient mariés. Imaginez donc qu'ils n'avaient qu'un portable pour 2 et qu'il fallait passer par C. pour accéder enfin à A. (encore une affaire de détour.... Mais économiquement, c'est ultra-rentable : une secrétaire personnelle qui travaille à l'oeil ). Pour terminer, de mauvaises langues entretiendraient des rumeurs persistantes comme quoi il entretiendrait un gynécée dans toutes les villes par lesquelles il passe, mais ce ne sont que des rumeurs ....

C. et son air filouC. est un baroudeur de première : il passe son temps à voyager à travers le monde. Il a déjà été dans la péninsule indienne et dans une floppée de pays africains. Et en ce moment, c'est donc au Burkina Faso qu'il s'est posé. Enfin, posé est un bien grand mot parce que même au Burkina Faso, il ne cesse de voyager : Bobo, Fada, Ouaga, etc. . Il travaille sur les procédés de maltage dans les bouillies et - soit-disant - il doit regarder les pratiques déjà existantes dans le pays. Enfin ça m'étonnerait qu'il se contente de regarder comme sur la photo C. et sa passion. Avec son petit air filou, il passe partout. Et il en profite : toujours présent pour aller rencontrer les gens. Mais je vous tairai les premiers mots qu'il a appris en Mooré pour aborder les jeunes filles au Music Hall .

D. travaille au CIRD (Centre d'Information pour la Recherche et le Developpement). C'est donc un agent infiltré de l'ambassade au sein de l'IRD. Je sais qu'elle est juste là pour nous espionner et rapporter comment on travaille à l'IRD. A moins qu'en fait, elle fasse partie de la branche para-militaire de l'IRD pour sélectionner les candidats potentiellement intéressants pour intégrer une formation de l'IRD (n'oublions pas que l'IRD, c'est aussi l'Institut pour le Renseignement en toute Discrétion). Et pour ceux qui pensent que je suis obnubilé par les théories du complot, avouez qu'avec quelqu'un venant des pays de l'Est (la Lituanie pour être précis), qui a passé près de 10 ans dans les pays arabes (auprès de l'OLP ? , qui maîtrise au moins une langue slave (elle nous a dit hier que c'était du lituanien mais qui sait faire la différence avec le russe ?), on est tout de même en droit de se poser certaines questions. Il me semble évident que c'est un agent soviétique qui s'est recyclé après l'effondrement du bloc (et que personne ne me dise qu'elle était trop jeune à l'époque : tout le monde sait qu'ils recrutaient au berceau). En outre, c'est une sacrement douée cuisinière parce que le tajine qu'elle nous a fait hier, il était vraiment super bon (cuisine faite à "l'arrache" à ce qu'il paraît. Enfin, si moi, je cuisinais toujours ainsi, ça me conviendrait parfaitement) et rien que cela (sans oublier bien entendu toutes les qualités dont je n'ai pas parlé) fait que je suis d'accord pour ne pas la dénoncer trop vite à la DGSE.

El. est stagiaire avec moi dans la branche nutrition de l'IRD. Elle mène actuellement une étude sur la transition nutritionnelle dans le milieu urbain (pour faire court, mais je vais me faire taper pour avoir trop résumé : pourquoi a-t-on des gros et des maigres en même temps en Afrique ? ). Elle est venue habiter à la maison pendant un mois, le temps de trouver un logement pour habiter avec L. Ben oui, elle était déjà venue faire un stage (des bouillies avec l'actuelle directrice de recherche de A. et C., comme par hasard. C'est que c'est consommateur de main d'oeuvre les bouillies), et elle avait de bonnes raisons de chercher à revenir à Ouagadougou (qu'est-ce qui se dit là-bas dans le fond ? Que c'est la seule raison... allons, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit). Elle s'occupait de moi (et s'en occupe toujours d'ailleurs, même si c'est de plus loin donc moins souvent) en faisant attention à ce que je mette bien ma crème avant de sortir, que je ne reste pas trop au soleil, que je ne roule pas trop vite en mobylette, etc. Bref, c'est une mère pour moi .

Em2 est ma nouvelle colocatrice depuis hier. Avant elle habitait chez El. et L. . Mais comme j'avais une chambre de libre (comme par hasard, celle laissée par El. et L. justement) et que je ne suis pas contre la compagnie de jeunes filles (oups, qu'est-ce que je n'ai pas écrit moi :X - remarquez, ce n'est pas faux), j'ai bien entendu accepté de l'héberger. Elle travaille actuellement sur les enjeux de la spiruline (et non, comme la plupart des gens, vous ne savez pas ce que c'est. Et bien, c'est tant pis pour vous :P. Bon, bon, puisque vous insistez, c'est une algue qui possède des qualités nutritionnelles intéressantes et qui pourrait servir de complément nutritionnel naturel et local pour la population). Pour le moment, elle enchaîne entretiens et visites, c'est plutôt sympa comme stage (ce le sera moins pour la rédaction du rapport) .

Em. travaille pour NutriFaso. Elle travaille également sur les bouillies (et oui, c'est une habitude par ici, d'employer de la main-d'oeuvre pas cher pour faire des travaux pas cool : la revanche des pays du sud) : elle cherche à améliorer les méthodes de préparations de bouillies chez le jeune enfant (Remarquez, à force de toujours les améliorer, elles finiront par être vraiment bien). Elle doit donc aller sur le terrain(encore et toujours la Gnagna) pour relever les recettes utilisées puis proposer des améliorations possible et enfin passer à l'étape de l'application sur le terrain (phase de transfert dans le jargon nutritionnel). Bref, un vrai parcours du combattant à remplir en 6 mois ce qui est court. Enfin, une précision (qui a dit qu'elle n'était pas nécessaire tant c'était évident ?) : elle loge à la maison quand elle est de passage à Ouaga.

Is., c'est mon boy-cuisinier. Enfin, ça, c'est l'appellation officielle qui est donnée à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (la CNSS pour les intimes). Car il est bien plus que ça : il fait les courses, la cuisine (heureusement, vu son titre), le ménage, la lessive, le repassage et j'en oublie sûrement. Et il faut dire que je n'ai pas à m'en plaindre tant tout est bien fait. Trop bien fait d'ailleurs car on prend vite l'habitude de devenir assisté et paresseux. Mais c'est tellement agréable. Ca a aussi des aspects négatifs malheureusement. J'ai mis beaucoup de temps avant de savoir où on pouvait acheter tel ou tel produit en cas de besoin (car il n'est pas toujours là), de même que je n'ai pas de vraie notion des prix. Alors je lui ai demandé de m'emmener parfois au marché pour voir comment ça se passait - on vous y harcèle pour que vous achetiez tout et n'importe quoi - et je joue avec lui aux devinettes pour apprendre les prix en essayant d'estimer combien vont me coûter les emplettes de la journée. Bref, vous l'aurez compris, c'est aussi une mère (ou plutôt un père non ? ) pour moi.

L., c'est le <<mari>> d'El. . Ouagalais pur souche (enfin, ça c'est pas tout à fait sûr), c'est un atout de taille. Il maîtrise parfaitement le terrain et est toujours de bon conseil. C'est un touche-à-tout qui sait se débrouiller. Il possède un télécentre (dont il a laissé la gestion à un de ses amis) et une société de location de mobylettes. Il fait actuellement des études de transit (enfin quelque chose du côté de la douane d'où des cours de droit, de gestion de contentieux et tout le tralala qui va avec). Heureusement qu'il est venu à la maison parce que grâce à lui, j'ai trouvé un plombier sympa en moins de 30 min, un dimanche quand j'ai eu une fuite d'eau dans la maison. C'est un inconditionnel du riz gras qui a très peur du changement : <<Allez, L., est-ce que tu as déjà été déçu par de la nourriture préparée par Is. ? - Non, mais quand même juste un petit peu>> (juste avant d'en reprendre une assiette pleine).

N. c'est l'hydrologue de service. C'est un peu mon double : autant moi, j'habite dans la maison nutrition, autant lui habite dans la maison hydrologie. Car lui aussi passe son temps à accueillir des gens chez lui et sa colocatrice permanente est également en hydrologie. Son boulot consiste à aller sur les lacs de retenue pour faire des prélèvements pour réussir à expliquer les raisons de la prolifération d'une algue toxique. Donc régulièrement, il prend son bateau sous le bras et s'en va dans la vase (ben oui, y'a plus beaucoup d'eau dans la plupart des barrages) flirter avec les crocos, car, les crocodiles, ce n'est pas ce qui manque au Burkina. Là où il y a de l'eau, il y a des crocos. A cause de son look, il est connu dans le milieu sous le surnom de <<Jésus>>. Enfin, puisqu'il en est fier (et il a bien raison), il appartient à l'équipe nationale burkinabé de rugby et va partir à la fin du mois pour le Niger pour son premier match en tant qu'international (Enfin, bon, par rapport au tournoi des 6 nations qui se termine aujourd'hui, je ne suis pas sûr qu'il y ait une mesure de comparaison tout de même ).

P., c'est mon collègue de bureau. Il termine sa thèse et travaille actuellement sur l'évaluation de la croissance des jeunes enfants dans la Gnagna (entre 6 et 36 mois) et sur la description de l'introduction de l'alimentation de complément (donc de la bouillie, encore et toujours. C'est que ça laisse des marques ). C'est aussi mon référent Gnagna attitré qui m'explique certains des comportements que je peux observer dans mon étude sur la gestion de la soudure (période pendant laquelle les greniers sont vides ou pas loin) en milieu rural. On se dispute aussi régulièrement sur la finalité de la science (faut-il parfois se brider pour ne pas trop heurter le jury de thèse qui est parfois un peu borné et va rejeter systématiquement ce qui choque ou avoir le courage de présenter des résultats bouleversants - quand on est sûr de ses résultats. Enfin, vous voyez un peu le topo. Comme d'habitude, je fais l'avocat du diable et je mets un peu (beaucoup ?) de mauvaise foi, mais on s'apprécie vraiment pour le boulot.

Voilà, c'est fini. J'espère que ces présentations vous seront utiles par la suite pour mieux apprécier les événements que je raconte avec ces personnes.



18/03/2006
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