Le vendeur de cartes

Qui sont-ils donc ces individus à chaque feu qui agitent leurs bout de bois  avec de multiples cartes ? Ce sont tout simplement des vendeurs de cartes téléphoniques. Il y a le vendeur traditionnel et celui qui est sponsorisé avec sa belle tunique rouge Celtel - mais qui vend tout de même de toutes les cartes, réalisme économique oblige.

Petit retour sur le réseau téléphonique ici au Burkina... Le marché est divisé entre trois opérateurs :

  • Telmob, l'opérateur historique - de couleur violette pas de couleur orange ;-) - qui appartient vraisemblablement encore à l'Etat. C'est la filiale mobile de l'Onatel (Office National des Télécommunications)
  • CelTel le challenger de couleur rouge - comme chez nous :-). Présent dans un certain nombre de pays africains, principalement anglophones si je ne m'abuse, il dispose d'un très bon réseau
  • TéléCel le challenger de couleur bleue - toujours comme chez nous :-) . Beaucoup plus petit que les deux autres, il cherche à se faire une place mais son réseau est beaucoup moins développé dans le pays (comme c'est étrange, on dirait la France)

Ici, les gens n'ont pas les moyens de payer un abonnement : c'est parfois difficile de manger à la fin du mois alors trouver de l'argent pour le téléphone (quoique..., ce sera l'objet d'un autre article). De plus, jusqu'à récemment - de nouvelles offres ont été faites récemment - , les abonnements étaient à des tarifs très élevés (coûts fixes plus prix à la communication donc avantageux seulement pour les très gros consommateurs). Tout le monde ou presque est donc ici au système à cartes.

Pour trouver les cartes, pas besoin d'aller dans les boutiques donc - c'est d'ailleurs parfois difficile de rentrer dans les boutiques tellement il y a de personnes devant -, il suffit de s'adresser à quelqu'un dans la rue. On trouve de tout : des abonnements avec la puce, des appareils mobiles, des accessoires pour les mobiles et donc des cartes de communications - de 500 à 10 000 francs selon les opérateurs. Les vendeurs sont donc partout, mais principalement aux feux pour proposer aux véhicules qui s'arrêtent devant eux. Certes, ça ne gagne pas beaucoup (je ne sais pas vraiment combien mais c'est bien peu :- ( ), mais au moins, ça rapporte de quoi manger pour le soir.

Avec un tel système, on imagine bien que les gens changent facilement d'opérateur au gré des offres qui sortent. Logique puisqu'on n'est pas lié à un opérateur, autant alors profiter des meilleures offres du moment. L'année dernière, c'était CelTel qui avait le vent en poupe : meilleur réseau, bonne offre tarifaire et opérateur le plus << in >> chez les jeunes. Depuis les deux autres ont repris un peu du poil de la bête : c'est surtout Télécel qui est très agressif :

  • il a commencé par baisser les prix des communications en donnant un seul prix vers tous les opérateurs défiant toute concurrence
  • nouveauté de l'été : maintenant, on est payé pour recevoir des appels. 10 FCFA par minute reçue. Difficile à imaginer en France

Il reste cependant encore pénalisé par son réseau présent uniquement dans les grandes villes et encore pas toutes. Mais si l'on reste à Ouaga, c'est probablement celui qui propose actuellement les offres les plus attrayantes.

Telmob s'est lancé également sur le créneau avec des tarifs préférentiels dans certaines tranches horaires - beaucoup plus compliqué pour l'utilisateur - et en offrant régulièrement du crédit

Comme parler coûte cher, le texto est très à la mode. Très paradoxal d'ailleurs : une partie de la population a beaucoup de difficulté à lire et à écrire mais recours au texto...

Autre système en vogue ici, le bip : faire sonner le téléphone du copain pour lui faire comprendre qu'on aimerait bien qu'il nous rappelle. Sympa... Très utilisé si le correspondant est blanc : lui, il a les sous donc il peut téléphoner... Système qui entraîne ses effets pervers : il n'est rien de plus pénible que de se faire bipper par un inconnu - qui probablement se trompe de numéro - et qui insiste en plus. Le jeu est alors de décroche à la première sonnerie avant que l'autre ne raccroche, question de réflexes donc... ;-) . Pour ma part, j'estime que chacun peut faire un petit effort : soit on écrit un texto pour demander d'être appelé, soit on appelle 30 sec et on demande à être rappeler. On a rien sans rien...

On termine par une petite histoire. C'est un homme qui se rend dans un télécentre. Il compose le numéro, ça sonne, l'ami décroche. L'homme dit : << Je te bippe >> et il raccroche. En sortant du télécentre, on lui réclame l'argent de sa communication. << Vous essayez de me voler, dit-il, je sais très bien qu'un bip, c'est gratuit ! >> :-D  . Humour burkinabé...



02/09/2007
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