La journée en bicyclette

Samedi 5 août : grand jour pour faire du vélo. J. a décidé de partir faire un petit tour de vélo dans les environs de Ouaga avec son cuisinier. Lui, il a l'habitude : il vient tous les jours en vélo à l'IRD, et comme il habite loin, il fait son petit bout de chemin tous les jours. Moi, j'ai pris la mauvais habitude de la mobylette : on pédale pendant 1 seconde et demie et après, c'est le moteur qui fait le reste. Ce petit tour en vélo a l'air bien sympathique ; je demande l'autorisation de me joindre à eux. C'est d'accord, nous irons donc à 3 à Bazoulé.

Finalement, c'est à 4 que nous nous retrouvons puisque le cuisinier a amené son fils avec lui. J'ai échangé pour la journée ma mobylette contre le vélo de S., l'ami d'A. ma nouvelle colocatrice. Je ne sais pas lequel d'entre nous gagne au change. C'est un beau vélo que j'ai : un vélo de course bien plus léger et performant - même s'il manque le cadre pour le dérailleur avant - que les bicyclettes qu'ont les autres. C'est heureux parce qu'il faudra bien du temps pour me dérouiller face à mes compagnons de route qui sont eux, des habitués de la petite reine.

Départ prévu à 8h. Mais un petit contre-temps nous retarde et finalement, nous ne quittons réellement Ouaga - ce qui veut tout de même dire que nous avons avancé de 4-5 kms - que vers 9 heures. I. le fils, nous attends sur le barrage extérieur, M. le père a déjà pris un peu d'avance sur nous.

C'est parti pour une bonne vingtaine de kms. Enfin ça, c'était la distance annoncée au départ, parce que pour aller à Bazoulé, c'est plutôt 25 kms en fait. On appuie sur le pied droit, on appuie sur le pied gauche, on appuie sur le pied droit... Ca fait vite mal à mes cuisses qui ne sont plus habituées à fournir un tel effort. Heureusement pour nous, il ne fait pas encore très chaud : le temps est assez couvert. Par contre, on a le vent de face, ce qui ne facilite pas vraiment la conduite.

Les kilomètres s'égrainent lentement mais sûrement. Il n'est absolument pas question de m'arrêter trop souvent. D'abord, c'est moi qui me suis ajouté à l'expédition et en plus, le redémarrage est vraiment très douloureux (je l'ai su pour avoir pris des photos).

Au bout de 15 kms (depuis la sortie de Ouaga), on voit enfin le panneau <<Mare de Bazoulé - 5 kms>> sur la droite. On quitte le goudron pour la piste. C'est le moment que je choisis pour vraiment me sentir un peu mal. Normal, on a stoppé l'effort de joie et c'est le contre-choc. Quelle chance, il y a justement un maquis qui est là, à 20 m. On s'arrête donc, histoire de reprendre un peu de sucre (sous forme liquide).

On repart après cette courte pause d'un quart d'heure et on mange les 5 derniers kms facilement. La mare, c'est l'attraction du coin. Tout tourne autour. L'attraction, c'est le terme juste car on a vraiment l'impression d'entre dans un parc. Tout est prévu pour les visiteurs : les sièges en forme d'animaux (parmi lesquels le crocodile tient une place prépondérante ), les jeux pour les enfants, la buvette, le restaurant, etc... Mais pour les enfants du coin, ce qui constitue l'attraction, c'est nous. Déjà que des blancs, c'est quelque chose, mais des blancs à vélo, c'est exceptionnel.

On est venu pour ça alors ce serait dommage de ne pas le faire. On va rendre une petite visite aux crocodiles sacrés. On en profite également pour prendre 2 poulets que l'on va offrir, presque en sacrifice, aux caïmans. C'est dommage pour les poulets, la vie n'est pas facile pour eux tous les jours (surtout celui-ci pour ces deux- là :-D ).

Le premier croco qu'on croise ne fait vraiment pas peur, histoire de décontracter les visiteurs et leur retirer le stress. Comme ça, ils sont moins sur leurs gardes et de temps en temps, il y en a un qui se fait croquer par les caïmans - c'est toujours ça en moins de viande à payer pour les nourrir, ces chers crocodiles.

Les caïmans de Bazoulé, c'est un peu comme le chien de Pavlov. Il suffit d'agiter le poulet (qui crie bien sûr) et ils viennent. On attend un peu, histoire qu'il y en ait quelques uns qui s'approchent (on a payé quoi, on ne veut pas en voir qu'un seul, il en faut pour son argent). Ensuite, ils attendent sagement qu'on leur donne à manger. Ils sont tellement tranquilles qu'on a presque l'impression qu'ils sont dressés. D'ailleurs vu leur vitesse de déplacement, on se demande réellement pourquoi on considère que ce sont des animaux dangereux.

Sous la conduite du guide, les touristes peuvent aller s'asseoir sur le dos du crocodile ou encore lui tenir la queue. Par contre, il faut toujours bien prendre garde à passer par derrière l'animal et jamais par devant. Le crocodile serait-il relativement peu sensible de l'arrière-train au point qu'il ne sent pas qu'on le touche ou est-ce juste pour éviter qu'il ne nous saute dessus au moment où l'on passe ?

Vient ensuite le moment tant attendu : le lâcher de poulet. C'est un peu comme dans les villes espagnoles qui font ça avec les vaches. On lâche l'animal qui cherche à s'enfuir pendant que les spectateurs courent derrière. Ici, c'est un peu plus subtil car il y a deux niveaux de spectateurs : les crocodiles et nous. Et c'est là qu'on voit que derrière cette masse de graisse qui, au premier abord, nous semblait lourd et un peu balaud se cache en fait un sacré prédateur. Car le caïman qui pourchasse sa proie est capable de se propulser grâce à ses pattes solides, voire de sauter si on lui met le poulet un peu haut.Ensuite, c'est à l'envie . Soit il s'emmène dans le mare, histoire de le faire mariner un peu, soit il l'avale tout cru.

Voilà, la visite des crocodiles, c'est terminé. On continue notre tour dans le site, histoire de dire bonjour aux tortues (c'est beaucoup moins dangereux de s'asseoir dessus d'ailleurs) et de saluer la tombe du vieux crocodile (un peu plus de 200 ans quand il est mort). Ensuite, on est reparti pour Ouaga en vélo. Petit arrêt technique au même maquis qu'à l'aller, histoire de reprendre des forces (il fait beaucoup plus chaud, on va en avoir besoin), et on rentre tranquillement à la maison.Enfin tranquillement, c'est façon de parler parce que c'est vraiment très difficile à la fin quand on a 50 kms dans les jambes. On arrive chez J. et je m'écroule dans le fauteuil pour une petite sieste bien méritée.

Bilan : une très belle journée bien fatigante et éprouvante pour les muscles - j'ai vraiment bien dormi d'ailleurs. On va penser à remettre ça une prochaine fois. Le vélo, c'est le prochain achat qu'il faut que j'envisage pour avoir quelque chose de vraiment à ma taille (celui de C était un peu grand).
Avec un peu d'entraînement, on devrait pouvoir être au niveau pour participer au tour du Faso qui aura lieu quelque part en octobre-novembre :-) .



18/08/2006
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