Code de conduite

Voici bien longtemps que je n'ai pas pris le temps de prendre la plume et d'écrire un peu le récit de ma vie. Rien d'exceptionnel à raconter, juste la vie qui passe et c'est certainement ce qu'il y a de plus dur à raconter.

Il y a bien longtemps dans un précédent article, j'avais parlé de vous exposer le code de la route burkinabé. Comme c'est d'actualité - ou plutôt, ce le fut il y a deux semaines de cela, il me semble que c'est le bon moment de faire resurgir cette thématique. En effet, le gouvernement burkinabé a subitement décidé de durcir un peu la législation concernant les casques de mobylettes et cette mesure a beaucoup fait parler d'elle. Mais reprenons depuis le début....

Le Burkina Faso a beaucoup copié sur la France et le code de la route ne fait pas exception à la règle. Ainsi donc, c'est bien le fameux code Rousseau qui s'applique ici pour régir la circulation. Enfin, c'est lui dans la théorie car comme souvent en Afrique - je ne sais pas si c'est pire ou meilleur au Burkina - la théorie diffère beaucoup de la pratique.

L'application du code de la route dépend de deux niveaux qui interfèrent : le type de véhicule et la couleur de peau. Au niveau du type de véhicule, il faut savoir que les possesseurs de voiture sont beaucoup moins exposés que les mobylettes. La raison est simple : une mobylette, ça s'embarque facilement, une voiture beaucoup moins donc on attaque ce qui est plus facile. Ensuite, par classe de véhicule, les risques changent selon la couleur de peau. Ainsi, sur mobylettes, les blancs doivent respecter des règles beaucoup plus strictes que les noirs. A l'inverse, en voiture, les noirs sont semblent-ils un plus contrôlés que les blancs. C'est bien pour cela - ainsi que pour des raisons de sécurité - que je m'offre une voiture:-) .

Pour le moment, c'est plutôt de mobylette dont je vais vous parler. Revenons donc à l'affaire du casque. Il est en théorie obligatoire. Mais presque personne n'en porte. Pendant un temps, moi aussi, j'ai cessé de le porter. Tout d'abord pour des raisons de confort : il fait chaud dehors et porter un casque c'est renforcer un peu cette chaleur et ce n'est pas vraiment agréable. En second lieu pour des raisons de sécurité : c'est étrange de dire cela mais je me sens paradoxalement plus en sécurité sans casque qu'avec. En effet, il est assez difficile de regarder derrière soi en mobylette avec un casque - je n'ai malheureusement pas de rétroviseur -, la vision est assez gênée et l'angle mort d'autant plus grand. Or ici, tout le monde roule n'importe comment et peut débouler d'un peu n'importe où. Il faut donc pouvoir regarder tout autour de soi.

Ainsi, récemment, le ministre des transports a décidé que le casque devait être porté <<qu'il neige ou qu'il vente>> au Burkina. L'annonce a été faite un jeudi soir à la télévision et rendue exécutoire le vendredi matin 7h. Les flics ont commencé à embarquer les mobylettes de tous ceux qui ne portaient pas de casque. On a donc vu deux types de réactions :

  1. mettre n'importe quoi sur la tête pour compenser le port du casque. Cela allait du casque de chantier à l'assiette en passant par le seau (un peu n'importe quoi donc :D)
  2. des émeutes ont eu lieu dans certains quartiers contre les policiers qui embarquaient les mobylettes.

Dans le même temps, on a vu des vendeurs de casques apparaître aux feux, voire à coté des patrouilles de police pour vendre des casques - dont bien entendu les prix avaient flambés - aux personnes qui n'en avaient pas.

Cependant, vu la résistance de la population, la politique a été vite assouplie et maintenant, tout est redevenu comme avant, les gens roulent sans casque et la police ne dit plus rien.

Pour terminer cet article, je vais exposer rapidement quelques points de conduite indispensables pour bien profiter de la conduite burkinabé. Disons que ce peut être un petit guide de conduite   :

  1. les feux rouges sont là à titre indicatifs sauf si les flics sont placés derrière. Cette règle est particulièrement vraie le soir (de toute façon, une partie des feux devient clignotant pendant la nuit) où s'arrêter à un feu peut être synonyme d'agression. Dans la journée, s'il n'y a aucun danger visible, pourquoi attendre, particulièrement quand on tourne à droite ?
  2. Quand on cherche à tourner à gauche et que le flot de voiture est un peu dense, que faut-il faire ? Seuls les crétins de blancs attendent pour tourner. Il suffit tout simplement de remonter la rue à contre-sens en attendant de trouver l'espace un peu calme pour se rabattre sur la bonne file. C'est aussi simple que cela. Franchement pourquoi les gens n'y ont pas pensé plus tôt ?
  3. En cas d'accident, on laisse les véhicules en cause à leur place sur la chaussée. Essayer de dégager la chaussée pourrait être considéré comme une manipulation des preuves. Il est donc impensable de bouger les véhicules en questions. De même qu'il est impensable d'arrêter la circulation. On pose quelques rameaux avant et après l'accident pour indiquer aux gens qu'il faut ralentir (beau triangle signalétique n'est-ce pas) et c'est tout. Après, on attend l'arrivée de la police qui va faire un état des lieux, ce qui peut prendre quelques heures.
  4. Quand on est blanc, bien prendre garde à poser les 2 pieds au sol pour marquer l'arrêt au stop. Le burkinabé à coté de toi qui ne le fait pas n'est pas en tord, toi si (on a eu le cas, il n'y a pas si longtemps).
  5. Si la police t'arrête, tu es forcément en tord (ils n'arrêtent pas pour rien ;-) ), même si tu n'as pas commis d'infraction. Il faut donc toujours reconnaître au moins d'avoir fait une petite faute. Ensuite, il s'agit de discuter avec l'agent pour réussir à repartir. Selon le degré de patience de chacun des protagonistes, cela peut aller de quelques minutes à l'heure. Il est parfois pertinent de glisser subrepticement un billet pour faire accélérer les choses. En tout cas, éviter le plus possible de se faire embarquer la mobylette.
  6. Si on ne souhaite pas rencontrer les policiers, il est toujours possible de prendre la fuite (ne pas s'arrêter ou faire demi tour). Attention cependant à toujours vérifier qu'ils ne possèdent pas de motos pour vous rattraper (ce qui est effectivement souvent le cas mais pas toujours, quoiqu'il n'est pas certains qu'ils aient de l'essence dedans).

Enfin, pour terminer, je ne saurai que vous recommander l'excellent article qu'a écrit mon collègue N. dans son propre blog que vous trouverez ici. Il a fait un petit quizz bien représentatif de la réalité ici (même si pour lui, c'est adaptéà la voiture). Les réponses ne sont pas incluses dans le documents pour que vous ne trichiez pas. De toute façon, dans la plupart des cas, c'est le système D qui prime.



17/09/2006
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