Bilan...

Aujourd'hui, nous sommes début juillet. C'est la fin de l'année, le début des vacances scolaires pour les petits Burkinabés ( et les petits Français aussi).

Pour moi, c'est la première fois que Juillet ne marque pas une période de changement. Première année de passée depuis que j'ai terminé mes études. Profitons de la période actuelle pour tirer un bilan de cette année qui fut riche d'événements et de nouveautés pour moi.

Pour cela, j'ai retrouvé récemment un vieux numéro d'une revue dont je ne retrouve plus le nom. Numéro de décembre 2003 (on est à la pointe de la nouveauté ici) avec en gros titre : "Votre horoscope détaillé de l'année".Certes, c'est un peu ancien mais qu'importe, de toute façon, un horoscope, ce n'est jamais précis et on n'est pas à 2 ans près .

Regardons donc d'un peu plus près :

Travail
Persévérez, les perspectives de recherches sont florissantes, vous parviendrez à vos fins. Il peut être utile de se montrer mobile et de dévier légèrement de ses objectifs : les résultats que vous obtiendrez seront à la hauteur de vos efforts.

<<L'ENSAE est une école recherchée dans le monde de l'entreprise, les perspectives d'embauche sont énormes : les statisticiens-économistes sont ultra-recherchés dans le monde du travail.>>
Voilà le leitmotiv dans lequel j'ai baigné à l'école. Pourquoi alors se poser des questions sur son avenir puisque le ciel est au beau fixe . Pas besoin de chercher trop vite un emploi, de toute façon, les employeurs s'arracheront mes capacités (allons-y, lançons nous des fleurs avant de se poser la question de savoir de quelles capacités on parle) donc, on commence à prendre un peu de vacances en juillet, août et pourquoi pas septembre (attendons donc de recevoir notre diplôme avant de rechercher).

Début de recherche à la mi-septembre. On va se concentrer sur l'étranger. S'il faut voyager pour rester jeune, la réciproque est également vraie pour le monde du travail : il vaut mieux être jeune pour voyager. Après, on est enfermé dans sa petite vie, sa maison, sa famille et tout le reste. C'est beaucoup plus dur de rompre les attaches que l'on a pour partir travailler ailleurs.
Le risque quand on part à l'étranger, c'est de ne pas revenir et d'attraper la maladie de la bougeotte (mais pour cela, attendons donc de lire ce que dit la catégorie <<santé>> sur les maladies que je risque d'attraper cette année). Mais bon, je prends le risque.

Objectif : l'Allemagne. Je me montre mobile. 1 petit mois de recherche et voici que j'ai mon premier entretien : boulot de statisticien-épidémiologiste (c'est pas si loin de statisticien-économiste) au Burkina Faso.
Bon d'accord, j'ai visé un peu à côté de l'Allemagne mais ce n'est pas si loin. De toute façon, qui sait placer le Burkina Faso (quand on le connaît) sur une carte du monde ? Pas grand monde je suppose : on élimine ceux qui ne connaissaient pas le pays, ceux qui ne savent pas que c'est en Afrique (par exemple un certain postier qui a fait parvenir ici une lettre à une amie en passant par le Pakistan) et enfin ceux qui ne savent pas que c'est en Afrique de l'Ouest (moi par exemple j'aurais bien été incapable de le placer sur une carte d'Afrique).

Enfin, bon, dévions légèrement (tout est donc dans la nuance du légèrement) de mes objectifs primordiaux, les résultats devraient être à la hauteur de mon <<sacrifice>>. Certes, je ne verrai pas la coupe du monde en Allemagne (élément primordial pour moi ;-) ), il faut donc que les compensations soient vraiment à la hauteur.

N'hésitez pas à changer d'horizon. Ne restez pas enfermé chez vous, sortez, bougez, le monde vous appartient. Partez à la découverte, soyez ouvert. Demandez et vous obtiendrez mais n'exagérez pas : il est malheureusement possible que certaines de vos requêtes ne puissent pas être exaucées.

Ah pour ça, mon horizon a totalement changé : l'Europe et l'Afrique, ce sont deux mondes à part. Mais soyons ouvert et allons à la rencontre des gens pour voir comment c'est <<chez les autres>>. C'est enrichissant et c'est vrai, le monde nous appartient. Tout est différent : les paysages, les gens, la culture, le climat... Bref, difficile de ne pas voir le changement et de rester enfermé chez soi tant il y a de choses à voir.

Par contre, j'ai effectivement quelques requêtes qui restent en suspens. Je pense que ce n'est pas impossible à réaliser mais le plus dur est de savoir à qui m'adresser pour les formuler. Il s'agit de questions du genre :

  1. Où se trouve le bouton off du radiateur extérieur ? ou à défaut, où se trouve la clim géante qui pourrait rafraîchir l'air quand il fait vraiment chaud ? (petite demande n'est-ce pas ;-) )
  2. Comment peut-on passer inaperçu des marchands qui sautent sur tous les blancs qui bougent ?
  3. Les moustiques et les mouches peuvent-ils cesser de tourner autour de ma maison ?

Jusqu'à il y a peu, j'avais aussi <<comment fait-on tomber la pluie>> mais là, j'ai été entendu : il a plu le 30 juin, encore une fois aujourd'hui. Bref, on est encore en déficit pluviométrique (il manque globalement encore 150 à 200 mm de pluie) mais c'est en bonne voie. Donc, je sais que tout n'est pas perdu .

Santé
Vous êtes de bonne composition, l'année devrait se passer sans trop de douleurs. Un grand mal peut cependant toujours survenir accidentellement. Gardez votre calme, combattez tenacement la maladie et vous vaincrez sans trop de séquelles.

Bon, dans l'ensemble, pas trop de soucis. Bien sûr, on connaît tous les quelques petits problèmes que pose l'Afrique aux Européens mais rien de grave : petite diarrhée régulière (entre 2 et 3 fois par mois en fonction de ce qu'on mange), des maux de ventre, des coups de fatigue, des périodes sans appétit, des piqûres, etc. Bref que des choses banales par ici donc pas de quoi s'affoler.

Par contre, que faut-il entendre par grand mal accidentel ? Pour le moment, je ne vois que 2 éventualités :

  1. des séquelles de l'agression que j'ai connue le mois dernier. Une petite agression, il faut dire. Encore que ce n'est pas moi qui ai été vraiment agressé et violenté mais comme je suis revenu sur mes pas (sur mes roues devrais-je dire puisque j'étais en mob) pour porter secours à D. j'ai été pris dans la partie. Pas de gros bobos physiques, quelques plaies, quelques bleus, une petite contusion au bras pour D. mais rien de vraiment grave. Par contre, un certain traumatisme et une phobie de la sécurité qui me touche maintenant quand je suis le soir à mobylette un peu tard avec quelqu'un. Je garde espoir qu'avec le temps, ces sentiments s'estompent.
  2. un accident que je n'ai pas encore eu comme le palud ? Certes, je prends de la savarine depuis le début de la saison des pluies, mais ce n'est pas une protection absolue (voir mon précédent article sur le sujet). Et comme en ce moment, on a tendance à être un peu mangé par les moustiques (quelle mouche les a donc piqués pour nous attaquer comme ça ?), il y a toujours le risque que je tombe accidentellement malade. Comme j'ai des amis qui l'ont chopé, je peux dire que c'est grave et douloureux même si ça se guérit relativement bien (si c'est pris tôt). J'espère que je passerai à côté grâce à <<super-anti-moustique>> et à <<wonder-moustiquaires>> qui sont chargés de ma protection rapprochée . lol

Amour
L'année à venir est pour vous à prendre sous les meilleurs auspices. Vous ferez des rencontres intéressantes, n'hésitez pas à vous rapprocher des gens pour faire connaissance et profitez de vos expériences et de vos rencontres pour vous enrichir.

Quand on arrive dans un nouvel environnement dans lequel on ne connaît personne, on est bien forcé d'aller un peu de l'avant pour faire des rencontres et se créer un nouveau cercle de connaissances (c'est aussi un peu le but de partir à l'étranger : quitter son petit cocon pour découvrir autre chose, d'autres personnes et revenir avec des amis partout dans le monde).

Ici, je peux dire que j'ai été gâté : les gens sont accueillants.

  1. Les Français avec lesquels je travaille : entre Français, on se retrouve toujours un peu facilement pour passer les soirées ensemble surtout entre VI et stagiaires (question d'âge voir à ce sujet la présentation que j'ai faite dans un article précédent ) et rapidement, on a un cercle d'amis. <<L'avantage>> des stagiaires, c'est que ça tourne. On rencontre donc beaucoup de monde, régulièrement, il y a de nouvelles personnes qui arrivent et qui complètent le cercle. Parfois des départs : pas trop encore pour le moment, mais fin de l'année oblige, ça commence à arriver. El. est partie la semaine dernière, L. la rejoint dans 2 jours. D'ici une quinzaine de jours, la moitié des stagiaires sera rentrée en France. L2 s'en va le 4, C. et A. le 10. Vers la fin du mois, ce sera N. qui vient de rompre son contrat de VI qui repartira à son tour.Heureusement, on peut garder des contacts et avec Internet, on peut se retrouver - du moins par écrit - facilement.
    Les départs, ce sont aussi parfois les chercheurs qui arrivent à la fin de leur mission. Il y a une quinzaine de jours, nous avons été au pot de départ de Cl. qui travaille dans le labo d'à côté. Elle rentre en France après 4 ans passés au Burkina. Ca me fait drôle de la voir partir : c'est la première personne européenne que j'ai rencontrée quand je suis arrivé et la voilà qui s'en va.
  2. Les Burkinabés sont très accueillants. On est tout de suite des <<amis>>. Ils engagent immédiatement la conversation, sont souvent prévenant envers vous et restent sympathiques. J'ai d'ailleurs trouvé qu'ils l'étaient même plus en brousse qu'en ville. Car, en ville, c'est parfois - pour ne pas dire souvent - intéressé : on vous aide, on vous rend un service puis une fois que c'est fait, on vous dit que ce n'était pas gratuit. C'est parfois seulement un numéro de téléphone qu'on veut (histoire de dire qu'on a le tél. d'un blanc ) ou une adresse mais souvent, on veut une pièce, un <<cadeau>> comme certaines osent même dire.
    C'est l'ennui, on a parfois du mal à savoir si les gens sont là pour vous ou pour votre argent. Heureusement, le plus souvent, si c'est pour l'argent, on demande assez vite (pas trop de plans machiavéliques sur le long terme) donc on est rapidement fixé. Ce qui est pénible aussi, ce sont les marchands dans la rue qui vous poursuivent pour que vous achetiez des bracelets, des boites, des sabres ou d'autres objets. On a beau dire qu'on n' en veut pas, que ce n'est pas intéressant, ils continuent à essayer de vendre pour leur faire plaisir... A la longue, on s'habitue à ne plus répondre, à ne plus faire attention mais personnellement, afficher un certain dédain pour des personnes (et leurs objets) qui vous parlent reste encore une attitude que j'ai du mal à avoir.
  3. Enfin au delà des nouveaux amis que je me suis fait ici, j'ai aussi déniché ce que je n'avais pas pu trouver en France : ma <<femme>>. Et ce n'est pas une Burkinabé, il a fallu que je vienne ici à Ouagadougou pour trouver une Française. Il a fallu un petit voyage à Bogandé (chef lieu de la Gnagna) pour rendre visite à Em. dans la Gnagna pour que moi et D. on décide de tenter une aventure (encore une :-) ) ensemble. Pourvu que ça dure :-) .
Bilan de l'année

Une année bien remplie avec beaucoup de nouveautés et d'événements. Beaucoup de nouvelles découvertes et d'expériences.Pour finir, rien ne vaut mieux qu'un bon horoscope à rebours pour n'avoir que des bonnes nouvelles et que ce qui est prévu soit arrivé (lol)

Espérons que la fin de l'année 2006 (et l'année 2006-2007) soit aussi bonne que celle-ci.



02/07/2006
1 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour