9 janvier 2006

Retour après 9 jours de brousse dans la Gnagna. C'est une région à l'Est du pays, région très pauvre du fait d'absence d'eau et d'un isolement assez prononcé. De plus, il n'y a pas de ressources du tourisme parce qu'il n'y a rien à visiter. La << capitale >>  de la région, c'est Bogandé où se trouve le matériel de l'IRD. Nous avons tourné dans 3 villes autour de Bogandé qui sont des sous-préfectures : Liptougou, Kodjéna et Bilanga où nous avons passé 3 jours à chaque fois.

Au programme : balades en brousse pour se rendre dans les villages, rencontre avec les familles suivies dans le panel, passage du questionnaire et prises de mesures d'anthropométrie de l'enfant et de sa mère. J'improvise pour la conduite en brousse : c'est beaucoup plus dur qu'à Ouaga parce que le terrain n'est pas balisé. Pour finir, le plus dur, c'est quand on est dans le lit des rivières parce que l'eau crée encore plus d'aspérités qu'ailleurs et la terre craquelle plus vite : parfois, il est vraiment impossible de rester sur l'engin et il faut faire une partie à pied. D'ailleurs, je suis admiratif devant les enquêtrices qui se dirigent dans la brousse. Car bien sûr, il n'y a pas de panneaux, il y a une multitude de pistes et nous changeons régulièrement de voie pour finir par arriver à bon port. Enfin, à peu près toujours, parce que des fois, on se perd quand même et il faut demander son chemin aux gens qu'on croise de temps en temps. Ce qui est impressionnant, c'est qu'il suffit qu'on dise le nom du chef de village pour qu'on nous indique le chemin pour y aller : un peu comme si nous, on connaissait le nom de tous les maires du coin. Enfin, c'est tout relatif parce qu'ici, il y a quand même moins de villages qu'en France.

Bien sûr, j'ai connu les inévitables mésaventures :

  • l'argent : C'est une crainte que j'ai eu en partant : ne pas en avoir assez. Je n'ai pris que 13000 francs alors que j'avais prévu d'en prendre environ 40000. Mais, à ma grande surprise, la brousse, c'est vraiment très peu cher et il n'y a pas eu de problèmes durant le voyage.
  • oubli de la casquette : elle était prévue. Je suis arrivé avec à l'IRD mais je l'ai retirée dans mon bureau et je suis parti sans. Une semaine sans, sous un soleil de plomb (pour moi), mais j'ai évité l'insolation grâce à des passages à l'ombre pendant les enquêtes dans les villages.
  • oubli de la crème solaire : bien sûr, je suis encore bien blanc après 3 semaines à Ouaga donc je n'ai pas besoin de prendre de crème. Sauf qu'ici, je suis dehors toute la journée sur ma mobylette et dès le premier jour, j'ai les bras tout rouges. Donc, ça ne peut pas devenir plus rouge : grave erreur, le lendemain, c'est un second coup de soleil sur le premier. J'ai beau hydrater ma peau et me couvrir tout le reste de la semaine, c'est trop tard, je commence à peler à la fin de la semaine
  • pas de produit anti-moustiques : On a des moustiquaires donc pas besoin de prendre de produit anti-moustiques. Sauf que, quand on arrive sur place, mes coéquipiers organisateurs s'aperçoivent qu'ils ont oublié de prendre les barres de fixation des moustiquaires. Donc pas moyen de les fixer. C'est pas grave, il fait froid la nuit (entre 15 et 20 degrés) donc il n'y aura pas de moustiques. Bon, à l'aide de cordes, je me fabrique un support de moustiquaire. Ca marche pour Liptougou et Bilanga mais il n'y a rien pour attacher les cordes qui tiennent ma moustiquaire à Kodjéna. Résultat, je choisis de dormir avec la moustiquaire sur la tête pour me protéger. D'un, c'est très inconfortable pour dormir et de deux, ça ne protège presque pas. J'ai donc les mains mangées par les moustiques (entre 10 et 15 piqûres par mains) à partir de la moitié du voyage.
  • maladie : bien sûr, l'inévitable terreur de l'apprenti-aventurier en brousse. En plus, j'ai joué avec le feu, puisque j'ai mangé la nourriture locale et j'ai bu l'eau des forages. Résultat, l'avant-dernier jour, j'ai la diarrhée. Ca m'a permis de visiter un CSPS de brousse (le centre de médecine locale) : celui de Bilanga couvre une zone regroupant 16000 personnes. Ce n'est pas tant que ça, mais ça devient vite impressionnant quand on sait que 45% de la population couverte se situe à plus de 10 kms du centre. C'est loin quand on est malade et qu'on doit les faire à pied ou à vélo. Le médecin est un peu mou - je trouve- mais il me donne des médicaments qui sont réputés bons. Il font effet au bout d'une demi-journée mais je passe tout de même une très mauvaise journée.

Impressions :

  1. Une famille GourmantchéLes gourmanchés (tribu principale de la Gnagna) sont super accueillants. Toujours là pour saluer et rendre service. Ils donnent parfois alors même qu'ils ne possèdent pas grand chose.J'ai reçu des poulets, des arachides, du sorgho sec et, ce qui m'a fait le plus plaisir, une calebasse.
  2. Les gens adorent les photos. Dès qu'ils voient que j'ai un appareil, ils font tout pour être pris en photo mais restent souvent statiques. Je prends donc plutôt les photos de loin quand c'est possible. Une fois, j'ai voulu prendre les élèves d'une école qui entraient en cours. Ils se sont aperçus de loin que je prenais la photo : ils se sont donc précipités vers moi et en 15 secondes, je me suis retrouvé entouré de 150 enfants qui voulaient être photographiés. J'ai essayé de les retenir un peu loin de moi pour pouvoir les prendre mais ils ne voulaient pas comprendre et étaient persuadés qu'il fallait être au plus près de moi pour être pris. Et bien, ceux-là ne seront pas sur les photos.
  3. L'effet "Homme blanc" est vraiment très puissant. Le fait que j'arrive dans les villages suscitait la curiosité d'autant que, pour la plupart (les enfants surtout), ce devait être la première fois qu'ils voyaient un blanc. Certains ont peur de me serrer la main. Une fois, je me suis retrouvé entouré d'une dizaine d'enfants mais aucun n'osait m'approcher. Un, un peu plus courageux que les autres, a fini par faire le premier pas. Les autres, voyant que ce n'était pas si difficile, se sont alors précipités pour prendre la suite. Ils ont également trouvé très intriguant que j'essaye de parler Gourmanchéma. D'autant que mon accent n'est pas génial. En tout cas, ça les a bien fait rire.
  4. J'ai été très déçu des marchés en brousse. On ne trouve presque plus rien de réellement africain : il ne reste plus que la nourriture et les tissus. Tout le reste, c'est de l'importation occidentale : casquettes, T-Shirts, lampes, cigarettes, piles, etc.... J'ai cherché à acheter un chapeau local et on m'a conseillé de l'acheter plutôt à Ouaga. C'est désolant.
  5. J'ai été horrifié par l'état écologique de la brousse : ça devient progressivement une décharge géante. Les gens jettent systématiquement dehors leurs déchets. La nourriture est mangée par les animaux qui vivent en plein air mais on trouve aussi des sacs plastiques en pagaille, de la ferraille, des habits, etc... C'est pratique quand on cherche quelque chose pour attacher les pattes des poulets qu'on nous donne : il suffit de se pencher pour trouver rapidement un chiffon mais au niveau sanitaire, c'est catastrophique car les enfants vivent dans la crasse toute la journée avec des risques de se blesser et d'attraper des maladies dues aux déjections des animaux. Et au niveau écologique, c'est aussi une pollution pour de nombreuses années.


04/02/2006
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